Le 8 Mars dernier, le monde a célébré pour une nouvelle fois la Journée internationale des droits des femmes, inaugurée par les Nations Unies en 1975 toutefois officiellement reconnue comme la journée pour les droits des femmes et la paix dans le monde par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1977.
Cette journée représente bien plus qu’une célébration des femmes. En effet, c’est un mouvement de protestation à l’égard de la lutte éternelle du genre féminin pour l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique des femmes et des hommes.
Alors pourquoi et comment l’utilisation du cannabis peut-elle aider à enterrer le patriarcat?
Si l’on y réfléchit bien, la progressive légalisation du cannabis et des droits de femmes trouve racine dans la suppression de décennies d’inégalités sociales qui ont conduit à leurs restrictions en premier lieu. Un beau paradoxe.
Le mouvement pro-cannabis reflète des valeurs présentes dans d’autres mouvements sociopolitiques importants tels que le mouvement anti-racisme, le mouvement LGBTQIA+, et le mouvement féministe. En effet, ces mouvements mettent tous en valeur la liberté de pouvoir être qui vous voulez, et ce, sans avoir peur d’être jugé, moqué ou stigmatisé quelque soit votre sexe, votre genre, votre identité, votre orientation sexuelle ou encore votre ethnicité. Ces mouvements soutiennent l’idée d’être en mesure d’accéder aux mêmes opportunités, qu’elles soient matérielles et/ou immatérielles. Il s’agit de pouvoir recevoir le soutien dont vous avez besoin pour faire ce que vous voulez de votre vie, avoir la possibilité de participer activement au développement de ce en quoi vous croyez plutôt que d’attendre des autres qu’ils vous donnent ce dont vous avez besoin. Les fumeurs de cannabis, les personnes de couleur, les femmes, la communauté LGBTQIA+ font face à ces problématiques de manière quotidienne.
La légalisation du cannabis est, de fait, et depuis longtemps, une cause féministe:
- La consommation de cannabis a depuis quelques années toujours été associée comme une activité associé au sexe masculin, dixit l’expression “ fumer entre bros”. à tort. La science du cannabis est un domaine d’étude principalement dominé par les femmes, et plus particulièrement les femmes de couleur de la communauté LGBTQIA+.
- Les effets médicinales du cannabis sont particulièrement efficaces pour le traitement de conditions de santé inhérentes au sexe féminin (syndrome prémenstruel, menstruations, ménopause).
- La majorité des activistes pro-cannabis sont membres d’associations féministes et LGBTQIA+. N’oublions pas que le monde doit sa toute première réforme pour la légalisation du cannabis grâce à la communauté LGBTQ qui dans les années 90 a prouvé les bienfaits du cannabis médical dans le traitement des symptômes du SIDA aux Etats-Unis.
- Maintenant, est-ce une coïncidence que la partie fumée de la plante de cannabis soit la partie femelle? C’est peu probable. En effet, la plante de cannabis depuis toujours fait partie intégrante de la spiritualité féminine. Si l’on remonte à 3000 ans avant J.C, on notera que la majorité des traitements thérapeutiques par les plantes étaient pris en charge par les femmes, les fameuses “sorcières” ou “guérisseuses”. La marijuana était entre autres associée à plusieurs déesses sumériennes, telle que la Déesse Ishtar. Ce n’est qu’en l’an 1000 avant J.C que les hommes ont commencé l’enracinement du patriarcat à l’égard de l’utilisation du cannabis, en interdisant aux femmes de devenir guérisseuses, réprimant ainsi l’autonomie des femmes.
- Devons-nous parler des discriminations à l'égard du système judiciaire? Une triste réalité, pourtant bien ancrée dans notre quotidien. Si vous avez une identité qui est systématiquement discriminée, en l’occurence, de par votre sexe et / ou votre sexualité, vous êtes condamné à être plus marginalisé que les autres, entre autres sur le thème de la marijuana. Qu'est-ce que cela signifie en pratique? Eh bien, si vous êtes un homme blanc cisgenre, vous êtes moins susceptible d'être arrêté par la police pour possession et / ou consommation de marijuana. Toutefois, si vous êtes une femme de couleur, vous êtes plus susceptible d'être arrêtée, plus susceptible d'être poursuivi en justice, et cerise sur le gâteau, votre peine sera plus lourde.
- Sur quels fondements les femmes utilisant du cannabis sont-elles plus stigmatisées que les hommes? Pourquoi une femme ne se sent-elle pas coupable lorsqu’elle recoit une prescription d’anxiolitiques ou d’anti-épiléptiques mais se cache pour acheter du cannabis dont les propriétés ont été prouvées bénéfiques dans le traitement de l’anxiété et de l’épilepsie.
A l’heure actuelle, il existe de nombreuses organisations qui se battent pour le mouvement pro-cannabis et le mouvement féministe. C'est le cas de l'organisation à but lucratif Women Growfondée à Denver, en 2014, qui aide les femmes à influencer et à percer dans l'industrie du cannabis. L’organisation connecte, éduque, inspire et participe à l’autonomie des femmes en proposant des programmes et des événements pour les femmes qui souhaitent monter leur entreprise. Leur dernier événement, le New York State Women in Cannabis Lobby Day, a eu lieu le 8 mars.
Conclusion? Il y a encore un long chemin à parcourir pour que le monde soit exempt de discrimination. D’ici là, fumez-en vous un!
