Tunisia votes to relax cannabis law.

La Tunisie reconsidère ses lois sur les drogues après une condamnation controversée

Une vague de manifestations contre trois condamnations à 30 ans chacune liées à la consommation de cannabis a forcé le gouvernement tunisien à reconsidérer les lois sur les drogues actuellement en vigueur.

Le 21 janvier, un Tribunal de première instance de la ville d'Al-Kāf, située à 200 km de la capitale du pays, a condamné trois jeunes âgées d’environ 20 ans à 30 ans de prison chacun pour consommer de la marijuana dans un stade de football qui était fermé au public lors des événements concernés.

Drapeau de la Tunisie

Plus précisément, le juge demande à chacun 5 ans pour usage de cannabis, 5 ans pour possession illégale, 20 ans pour consommation de drogues dans les espaces publics et leur offre la possibilité de faire appel de la décision. L’article 52 du Code pénal tunisien punit également la consommation de drogues douces et dures, représentant 30% des incarcérations du pays.

Les réactions n'ont pas tardé à se faire entendre. Quelques heures après la condamnation, plusieurs cybernautes ont partagé sur les réseaux sociaux une lettre conjointe demandant la libération des trois jeunes en dénonçant la sévérité de la peine.

D'après Amnesty International, la condamnation est considérée d’injuste et "destinée à dissuader la jeunesse”. D’autres voix de l’opinion publique et des politiciens ont également pris une position forte contraire à l'affaire, en exprimant leur mécontentement.

Photo des manifestations de la semaine dernière en faveur de l'abolition de la Loi 52 du Code pénal (Photo: Ahmed Zarroki).

La vague de protestations est arrivée dans les rues de la capitale, en ajoutant des centaines de manifestants qui demandent la suppression de la loi et la libération des trois accusés.

Grâce aux manifs, le Premier ministre tunisien Hichem Mechichi, a proposé d'entamer des négociations pour modifier la tristement célèbre Loi 52, en vue d’accorder des peines alternatives, comme par exemple des travaux communautaires.

Cette révision a été annoncée à plusieurs occasions. En 2017, le Parlement tunisien a approuvé un amendement qui permet aux juges de mitiger les peines en considérant les circonstances des arrêts, notamment si les consommateurs n’ont pas de casier judiciaire, ainsi que de supplanter les peines de prison pour des travaux d'intérêt général ou pour le paiement d’une amende. La révision fut catégorisée de "provisoire" et a été utilisée de propagande électorale, sans aucun effet réel.

Protesters call for the decriminalization of cannabis at a protest in Tunisia since 2012 (source: YouTube).
Des manifestants réclament la dépénalisation du cannabis durant une manifestation en Tunisie en 2012 (Source : YouTube).

Les régulations contre les drogues sont très rigides et furent implémentées aux années 90, en raison d’un scandale connu sous le nom de “CousCous Connection” dont participait un réseau international de trafic des drogues et de blanchiment d'argent impliquant le frère de l’ancien dictateur Zine el Abidine Ben Ali. Des associations de défense des droits humains ont considéré ces mesures de draconiens et d’anachroniques, étant tristement utilisées par le régime précédent pour emprisonner ses détracteurs.

Actuellement, le Collectif pour la légalisation du cannabis (COLEC) est l’une des associations qui défendent un projet de loi pour légaliser la production et la consommation, en prenant comme modèle les réformes réalisées au Canada. Selon leurs projections, la loi réduirait la population parcellaire et le nombre de crimes, en favorisant la création de plus de 150 000 emplois qui apporteraient plus de 460 millions d'euros annuels aux caisses de l'État.

Il reste à voir si les manifestations massives des citoyens, des députés et des organisations internationales, en plus du travail des associations comme COLEC et du changement de mentalité au niveau mondial sur le cannabis médical et récréatif, amènent l'Exécutif tunisien à présenter finalement la modification à la Loi, ce qui serait annoncé dans les prochains jours.

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